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369 rue Doudart de Lagrée, 38660 Saint-Vincent-de-Mercuze
Saint-Vincent-de-Mercuze (38660)
Implanté au lieu-dit "la Combe" au sud de Montalieu, dans un site pittoresque, cet édifice témoigne d'une activité industrielle des XVIIIe et XIXe siècle et d'un ancien mode de fonctionnement caractéristique des hauts-fourneaux du Dauphiné.
Implanté au sud de Montalieu, sur la rive droite du ruisseau d'Alloix, cet ensemble industriel permettait de réduire et de fondre des minerais de fer en vue d'obtenir de la fonte. Il est d'autant plus intéressant, qu'il présente un mode de fonctionnement caractéristique des hauts-fourneaux du Dauphiné, à savoir la propulsion de l'air, à sa base, par un système de trompes (au nombre de deux, en remplacement des soufflets), et que peu de vestiges de cette qualité architecturale sont aujourd'hui préservés en France. Le massif du haut-fourneau, de plan carré et d'une hauteur d'environ 10 m, présente des élévations très soignées en pierre de taille de calcaire consolidées par des tirants métalliques à clé losangée. Le creuset s'ouvre par une ouverture en plein cintre. Bien que l'intérieur du four soit en partie détruit, des plans de 1859 permettent de le restituer : la cuve était composée de deux cônes accolés, de hauteur différente, mesurant 2 m de diamètre à leur jonction ; deux tuyères étaient disposées perpendiculairement à l'axe de coulée. Adossé à une rupture de pente, ce haut-fourneau comportait un accès plein-pied au gueulard, par l'intermédiaire d'un pont (voûte en arc segmentaire). A l'avant du massif du haut-fourneau, est élevée une très belle façade de composition classique, à l'appareil réglé en pierre de taille (calcaire), qui correspond à la façade de la halle de coulée : une porte en plein cintre à impostes moulurées est flanquée de grandes baies également couvertes d'un arc en plein cintre. A l'ouest du haut-fourneau, sont conservés les vestiges d'une ancienne canalisation maçonnée qui amenait l'eau aux trompes (chute de 11 m), pourrait être contemporaine de la soufflerie à trompes (33 litres/seconde, puissance approchant les 5 chevaux). Outre le haut-fourneau, un double four à griller a été installé à l'ouest, adossé à un mur de soutènement. Ce type de four est introduit par l'ingénieur Gueymard en 1827 pour réduire le volume de combustible nécessaire au four traditionnel, jusqu'alors en forme de fer à cheval. Construit sur un plan rectangulaire, il est doté de deux chambres de cuisson ovale, dans lesquelles étaient alternées des couches de minerai cru et de combustible (bois ou charbons de bois). Les gueulards (ouvertures supérieures) sont accessibles de plain-pied, depuis une plate-forme, facilitant ainsi l'approvisionnement du four. Les soles s'ouvrent en façades sud et nord par quatre ouvertures couvertes d'un arc segmentaire, qui permettaient de récupérer le minerai grillé, afin d'être cassé puis trié. Ce four à griller aurait été transformé par la suite en four à chaux. L'édifice a obtenu le label "Patrimoine en Isère", récompensant la qualité patrimoniale d'un édifice d'intérêt départemental.